Solaire Diffusion

Les batteries virtuelles

Qu’est-ce qu’une Batterie Virtuelle ?

Certains fournisseurs d’énergie proposent aux personnes possédant une installation photovoltaïque raccordée au réseau sans revente, donc en autoconsommation, d’optimiser leur autoconsommation  via une ‘batterie virtuelle’. La batterie virtuelle ‘se recharge’ lorsque la production excède la consommation, on la décharge lorsqu’on consomme plus qu’on produit.

 La courbe ci-dessus est un exemple tiré du rapport de la GPPEP (voir notre page sur l’autoconso) qui illustre un fonctionnement en auto-consommation : la courbe bleu représente la consommation, la courbe rouge la production.

Lorsque la courbe bleue est au-dessus de la courbe rouge, on consomme de l’énergie prise sur le réseau, lorsque la courbe rouge est au-dessus de la bleue, on consomme sa production et on injecte l’excédent sur le réseau.

Dans le cas présent, on a peu d’excédent, et on voit que la production est faible : au maximum de 6 à 700 watts. C’est une installation parfaitement dimensionnée pour de l’autoconsommation sans batterie virtuelle : inutile d’investir pour que la production soit donnée au réseau.

Maintenant si l’on met par exemple 3 kWc de panneaux (une dizaine de panneaux de 300 wc par exemple), la courbe rouge sera beaucoup plus haute.

Dans ce cas, prendre un contrat avec batterie virtuelle peut être judicieux :

– on pourra consommer le soir ce que l’on a produit durant la journée, et même selon l’importance de la production :

– on pourra consommer l’hiver ce qu’on a produit l’été.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Grâce au tristement célèbre compteur Linky, votre fournisseur d’énergie dispose des informations précises de l’énergie injectée sur le réseau et consommée en temps réel. Il tient donc les comptes et stocke virtuellement pour vous l’énergie que vous injectez sur le réseau. Virtuellement car dans la pratique, cette énergie alimentera vos voisins.

Dans la pratique, le prix de l’électricité est décomposé, comme sur votre facture, en 3 parties : le prix de l’énergie, les frais d’utilisation du réseau et les taxes.

Avec une batterie virtuelle, on ne paie pas le coût de l’énergie qu’on a produite, qu’on l’aie consommée immédiatement ou de manière différée, mais on paie les frais d’utilisation du réseau et les taxes lorsqu’on consomme l’énergie qu’on a stockée sur le réseau.

Un exemple inspiré d’un projet sur une chèvrerie en Ariège que je traite au moment où j’écris. Une consommation de l’ordre de 18000 kWh par an, un champ de 15 kWc de panneaux, soit environ 50 panneaux de 300 wc.

On a dimensionné le champ photovoltaïque légèrement en dessous du besoin, environ 300 kWh,dans cette première approche. En parallèle, le client regarde quelles économies d’énergie il pourrait faire, par exemple en utilisant de l’eau chaude fournie par un chauffe-eau solaire. Dans le cas d’une batterie virtuelle, il n’est pas utile de surproduire, les propositions actuelles ne prévoient pas de rachat de la surproduction.Rien n’empêche de faire une autre installation pour revendre, si l’on n’a pas envie de donner son énergie au fournisseur. Rien n’empêche non plus de tirer une rallonge jusque chez son voisin pour alimenter son électroportatif lorsqu’il travaille au jardin par exemple. Cela dépend surtout des relations qu’on a avec son voisin.

Dans cette configuration, si le contrat a été signé en Décembre, le client paiera de Décembre à Mars les frais liés à l’utilisation du réseau et les taxes pour l’électricité qu’il a utilisée lorsqu’il consommait plus qu’il ne produisait, par exemple la nuit. Ce chiffre n’est pas visible sur le schéma ci-dessus, il est vraiment fonction de ce qui se passe à l’instant T. On a donc intérêt à faire fonctionner les gros équipements successivement au milieu de la journée pour coller au mieux à la production. Ce n’est pas toujours possible et/ou on n’a pas forcément envie de le faire.

En Avril et Mai, il devra payer les kWh qu’il a consommés mais pas produit (environ 650 kWh à fin Mai).

Ensuite, la courbe verte remonte, il ne paiera plus l’énergie puisqu’il l’a produite, mais seulement les frais pour ce qu’il consomme quand il ne produit pas assez.

Au bilan des 12 mois, il aura produit environ 300 kWh de moins qu’il a consommés. Mais comme il en a payé 650, cela veut dire qu’il commence l’année avec une batterie chargée de 350 kWh.

Si tout se répète à l’identique l’année suivante, il devra payer le prix de 300 kWh (650 kWh consommés en plus de la production entre 12 et 05 moins 350 kWh que contenait la batterie virtuelle début Décembre) qui lui manquent entre Avril et mai, en plus des frais et taxes. Et de même, il terminera l’année avec une batterie chargée à 350 kWh.

Qu’est-ce que ça coûte ?

Il existe un panel d’offres, construites sur différents modèles. Certains vous ‘vendent’ une batterie virtuelle, plus ou moins cher, d’autres louent, etc. Ce vocabulaire camoufle deux choses : les frais de mise en service et les frais de gestion.

Et d’autre part, comme expliqué plus haut, on ne vous restitue pas l’énergie ‘gratuitement’ : le stockage à un coût. En réalité, vous payez d’une part l’utilisation du réseau (pour aller chez votre voisin) et d’autre part les taxes sur l’énergie (que vous avez produite). Je n’ai pas besoin de faire de commentaire, vous les ferez pour moi. Au bilan c’est autour de 45% du prix du kwh TTC qui vous restent à payer, c’est donc 55% d’économisé.

J’ai apprécié l’approche et les conditions de la Société Urban Solar, une start-up Lyonnaise. Je n’ai pas fait une étude approfondie de la concurrence, Urban Solar utilise comme les autres une approche marketée qui sent bon la peinture verte, mais leur offre est claire et les frais de dossier (« le prix de la batterie virtuelle ») raisonnables. Voyez à cette page : tarifs conventionnés, +1 euro/mois/kwc au moment où j’écris.

En pratique : si vous faites installer, prévenez l’installateur, il intégrera le coût de la mise en service dans l’offre et selon le cas renseignera pour vous ou vous laissera renseigner les données demandées par Urban Solar ou le fournisseur qu’il a retenu pour être autorisé à récupérer vos données/ consommation/production auprès des gestionnaires de réseau.

Nous on préfère que vous installiez nos produits, appelez-nous, on vous donnera le coût de la mise en service, et selon l’installation les différents éléments à fournir. On peut vous proposer la prestation, mais jusqu’à présent, nos clients ont aimé faire directement leur dossier administratif avec le fournisseur.

Une fois l’installation photovoltaïque faite, prenez l’abonnement correspondant chez le fournisseur. Vous n’avez pas plus d’engagement et pouvez résilier à tout moment, donc si vous trouvez mieux, rien ne vous empêche de changer. En théorie, on ne fait ça que lorsqu’on sait qu’on est dans les clous, cela veut dire que la concurrence est ouverte.

Comparons la batterie virtuelle à la batterie réelle :

D’un point de vue écologique, la batterie virtuelle gagne largement : ni plomb, ni lithium, juste de l’information. Je ne fais pas le calcul du coût environnemental du transfert et du traitement de l’information : ce ne sont pas des Mo qui passent, mais des octets, au pire des des kilo octet, l’équivalent d’un mail ou deux. 

D’un point de vue énergie électrique, elle sera consommée localement, par vous et/ou vos voisins, donc moins de pertes d’acheminement (pour vous donner un ordre d’idée, entre les centrales qui l’alimente et la pointe Finistère, il y a une perte d’énergie d’environ 15% lors du transport et des changements de tension, rien de tout ça sur une production injection réseau domestique).

La batterie réelle est onéreuse, mais elle permet facilement de stocker durant la journée ce que vous produisez pour l’utiliser la nuit, sans frais ni taxes. Par contre, elle ne permet pas de stocker l’été pour consommer l’hiver, sauf à investir dans des batteries gigantesques.

Et la solution hybride, batterie virtuelle + batterie réelle ?

C’est la solution pour aller plus loin. A mon avis, elle se réfléchit dans un second temps. Mais certains la choisissent directement.

Avec cette solution, on fonctionne de la manière suivante :

Lorsqu’on produit, on commence par couvrir ses besoins, puis recharger ses batteries physiques, les deux simultanément si l’on produit plus qu’on consomme ; une fois que c’est fait, on injecte sur le réseau à l’instant t ce qu’on ne consomme pas à l’instant t, donc on « recharge sa batterie virtuelle ». Et lorsqu’on ne produit pas, on consomme d’abord, avec modération, l’énergie des batteries, puis au besoin l’énergie du réseau.C’est ce qui se passe dans les grandes lignes.

Après il y a les petites lignes : recharge-t-on les batteries quand il ne fait pas beau ? Du coup on consomme ? Et si on a un contrat EJP ? (là je crois bien que c’est non). Je développerai peut-être une autre fois, sachez que sur les onduleurs que nous proposons pour ce genre d’installation, on peut définir les heures et les intensités de la recharge des batteries physiques.

Comparativement à une installation hors réseau, un système ‘hybride’ avec batteries virtuelles et batteries réelles pourra donc être revu à la baisse ainsi que le dimensionnement de la batterie puisque le réseau est là pour compléter au besoin.

En conclusion :

Dans tous les cas, si vous envisagez ce type de solution, vous allez réfléchir à votre consommation. Et je parie que vous la réduirez. Vous trouverez un premier exemple dans la partie retour d’expérience de notre page ‘autoconso’.

Un autre exemple plus radical :

un client m’appelle car il ne veut pas de linky, sa consommation quotidienne est de 32 kWh pour une famille de 5 personne et avec une activité professionnelle exercée depuis la maison. Mon commentaire : le prix des batteries va être faramineux.

Première phase : chauffe-eau solaire appoint poêle bouilleur : – 12kWh/jour , restent 20 kWh.

Deuxième phase : arrêter les équipements dont on ne se sert pas : box, Nas, etc, et supprimer/réduire les chauffages d’appoint électriques des salles de bains en installant des radiateurs sur le poêle bouilleur. On économise encore 8, restent 12 kWh/jour.

Troisième phase : là, je n’ai pas le détail des actions, mais le commentaire lorsque je pose la question est : « en deux mois de réflexion et avec nos échanges, nous avons décider d’aller vers la sobriété énergétique ». On est à 6 kWh par jour, y compris l’activité professionnelle.

De nombreuses installations en site isolé sont moins énergivore, mais conçues des l’origine pour l’être, car c’est un choix de vie, les nouveaux entrants (les enfants?) n’auront pas de choix que de s’y plier. Dans le cas présent, on a divisé par 5 la consommation d’origine, avec enfants et ados, je trouve que c’est une sacrée performance.

Alors maintenant, c’est à vous de jouer ! Mais jouer n’est pas le mot juste, dans le contexte actuel.

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